Je Bouquine : Le mystère de Greenwood

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Séquence de littérature – cycle 3 – CM2/6e  Un roman écrit par Malika Ferdjoukh
Fiche pédagogique réalisée par Nathalie Betton,
formatrice en lettres à l’INSPE Sorbonne Université, agrégée de grammaire. Avant d’entrer dans le détail de la séquence, Nathalie Betton nous décrit les principaux intérêts de l’œuvre.

Intérêt littéraire et didactique

Ce roman de Malika Ferdjoukh, publié pour la première fois en 1996, confronte le lecteur à un roman à suspense, empruntant au policier et au récit fantastique. Le narrateur adulte, Jérémie, revient pour la première fois sur un épisode terrifiant, qui a eu lieu en 1867, pendant son enfance dans le village de Greenwood, en Angleterre. Une créature, désignée comme un monstre ou une bête sauvage, tue avec une violence extrême bêtes et hommes.
D’abord perçu comme un roman policier, l’oeuvre glisse vers le fantastique. Jérémie entreprend, en effet, de mener l’enquête et se trouve confronté à des phénomènes étranges, qui dépassent le rationnel.
L’âge et la situation de Jérémie, élève à l’école du master Singleton, permettront au lecteur de cycle 3 de s’identifier au narrateur.
Le suspense maintient le lecteur en haleine et donne envie d’achever la lecture, ce qui motivera les élèves. Les nombreux passages dialogués contribuent, en outre, à la vivacité du récit.
Par ailleurs, la narration prend plusieurs formes : récit du narrateur interne adulte qui porte un regard rétrospectif sur son expérience passée, insertion de récits pris en charge par des personnages, articles de faits divers. Cela constitue un intérêt supplémentaire pour une classe de cycle 3.

Les thématiques abordées dans ce roman

Les relations père-fille, la toute puissance du père dans le choix de l’époux.
La vengeance d’un père, le major Pettigrew, aveuglé par ses préjugés.
La rumeur et les réactions qu’elle entraine : les villageois sont prêts à pendre William Lewis, sans aucune preuve de sa culpabilité.
Le rôle de l’enseignant, master Singleton, voix de la sagesse, respecté et écouté par les villageois.
Le respect de la parole donnée : Jérémie promet à miss Charlotte de ne jamais rien révéler de ce qu’elle lui a appris et pourtant…
Les sentiments : l’amitié et le dévouement de Jérémie pour miss Charlotte Pettigrew. La peur de l’autre, de l’étranger (Jérémie et Mansur Khan).
Les relations filles-garçons : les réactions de Jérémie à l’égard de Daisy Layton.
Ces thématiques pourront donner lieu à des débats lors des séances ou en EMC.


Ce roman permet de proposer des situations d’écriture variées : prises de notes, résumés des chapitres, anticipations, article de journal, lettres, impressions personnelles, entre autres.


D’un point de vue culturel, Le mystère de Greenwood fait écho à des oeuvres classiques. Le chien des Baskerville, de Sir Arthur Conan Doyle, a sans doute été une source d’inspiration pour l’auteure. Citons également, du même auteur, Le ruban moucheté dont l’un des personnages, le docteur Roylott présente des similitudes avec le major Pettigrew : il revient des Indes, est passionné d’animaux exotiques, se montre colérique et violent.
Le chat Dinah de Jérémie est un clin d’oeil à celui d’Alice, dans Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll.

Le mystère autour du monstre permet d’établir des liens avec la bête du Gévaudan et le film de Christophe Gans, Le pacte des loups (2001).
Jérémie peut être comparé au narrateur du roman de Charles Dickens Les Grandes espérances (1860), Philip Pirrip, dit Pip.
On notera également que les élèves peuvent être tentés de faire un lien entre le major Pettigrew et Peter Pettigrew, un des protagonistes de la saga Harry Potter. En l’occurrence, le livre de Malika Ferdjouk est antérieur à celui de JK Rowling.
Enfin, la cécité de miss Charlotte pourra être mise en parallèle avec celle du personnage de Stella, dans La fille d’en face, de Malika Ferdjoukh.

Si un réseau est envisagé autour du récit à suspense, le roman fera écho à de nombreux romans pour la jeunesse, dont nous citons quelques titres, sans prétendre à l’exhaustivité :

  • La Villa d’en face, Boileau-Narcejac, Bayard Jeunesse.
  • Wiggins chez les Johnnies, Béatrice Nicomède, Syros Jeunesse
  • Un tueur à ma porte, Irina Drozd, Bayard Jeunesse.
  • Drôle de samedi soir !, Claude Klotz et Boiry, Hachette Jeunesse.
  • Tirez pas sur le scarabée, Paul Shipton, Hachette Jeunesse.
  • Un printemps vert panique, Paul Thies, Emmanuel Cerisier, Rageot.
  • Les Doigts rouges, Marc Villard, Syros Jeunesse.

On pourrait également faire découvrir la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, Le ruban moucheté. Un album publié chez Sarbacane illustré par Christel Espié en faciliterait l’accès pour des élèves de CM2.

La lecture de ce roman fournira l’occasion de faire découvrir la vie en Angleterre et l’histoire de l’Empire britannique, notamment aux Indes.

D’un point de vue lexical, le roman offre la possibilité de travailler le vocabulaire des sentiments et particulièrement de la peur. Ceux de la chasse et de la taxidermie pourront être découverts et enrichis, notamment les mots de la famille d’empailleur et de la naturalisation. Les verbes et les noms qui expriment les bruits pourront être relevés et classés, lors d’une séance spécifique dédiée à l’étude de la langue. Le champ lexical de la magie pourra être construit.

La séquence

La séquence s’adresse à des élèves de cycle 3. L’objectif principal est de donner l’envie de lire ce court roman en entier (5 chapitres, 56 pages). La séquence pourra prendre place en fin de CM1 ou au début du CM2. En 6e, la lecture cursive du roman plaira également aux élèves, en résonance avec des récits policiers de A. Conan Doyle ou d’Agatha Christie.

Liens avec les programmes de littérature

Le roman peut être étudié dans le cadre de deux entrées littéraires :

  • Vivre des aventures. Le lecteur suivra l’enquête de Jérémie, il s’interrogera sur les ressorts du suspense.
  • La morale en question. La lecture de ce roman conduira la classe à débattre sur l’attitude du major Pettigrew à l’égard de sa fille et de William Lewis. Son geste final donnera sans doute lieu à des échanges.
  • En lien avec les séances d’EMC, on pourra également aborder la rumeur et ses conséquences ainsi que le rôle de la justice.

Les compétences de cycle 3 visées :

Nous nous référons aux attendus de fin d’année et ne prétendons pas lister de manière exhaustive toutes les compétences.

  • Oral

Dans le cadre d’échanges, l’élève réagit aux propos de ses camarades pour les approuver ou donner un point de vue différent en relation avec le sujet abordé. L’élève lit à voix haute, après préparation, un texte long. Par sa lecture à voix haute, il rend compte de la ponctuation et respecte le rythme des groupes syntaxiques.

  • Lecture

L’élève restitue l’essentiel d’un texte qui contient des informations explicites et des informations implicites.
Il reconnait et nomme les principaux genres littéraires à l’aide de critères explicites donnés par le professeur.
Il met en relation le texte lu avec un autre texte ou une autre référence culturelle.

  • Écriture

L’élève reformule par écrit l’essentiel d’un texte.
En respectant les principales caractéristiques des genres littéraires, préalablement déterminées, il écrit régulièrement des textes variés : récits, textes poétiques, saynètes.

Le carnet de lecteur

Comme les recommandations ministérielles y invitent, les élèves garderont des traces de leur lecture dans le carnet de lecteur. Qu’il s’agisse d’impressions personnelles sur les personnages, ou sur le roman, de dessins pour représenter les lieux (la lande, le château et ses dépendances, le pavillon de chasse) ou pour dresser le portrait d’un personnage ou du monstre (Mansur Khan ou le tigre mangeur d’hommes, par exemple), le carnet donnera également à l’élève la liberté de s’emparer de ce support, comme il l’entend (dessiner, donner ses impressions de lecture, recopier un passage apprécié ou des mots).

D’autre part, les traces élaborées collectivement y prendront également place
Les fiches-personnages de Jérémie, miss Pettigrew, le major, Mansur Khan, William Lewis pourront être réalisées. La classe pourra également s’intéresser à l’importante domesticité du major Pettigrew.
Une frise chronologique récapitulant des évènements clés sera construite.
Les indices sur l’identité du monstre et ses méfaits seront relevés.
Les écrits courts, proposés aux élèves durant la séquence, seront collectés.
Les synthèses de débat auront leur place dans le carnet.
Enfin, des éléments qui enrichissent les connaissances encyclopédiques sur l’Empire colonial britannique à l’époque victorienne seront rassemblés (cartes, photographies, etc.).
En CM2, des liens seront faits avec le programme d’histoire.

Pour obtenir la séquence pédagogique complète avec le déroulement des séances, voir ci-contre.