Bravo aux gagnants du Grand Concours des jeunes écrivains 2020/2021

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En octobre 2020 (Je Bouquine n° 440), le Grand Concours 2020-2021 des jeunes écrivains était lancé. Je Bouquine et la maison d’édition L’école des loisirs vous proposaient alors de lire en exclusivité les premières pages du dernier roman de Flore Vesco, D’Or et d’Oreillers. C’était à vous d’imaginer la suite… Vous avez été nombreux à participer à ce grand concours. Bravo à tous !

Tous les gagnants catégorie “Je joue avec ma classe” :

1er prix : classe de 6e, collège École Nouvelle La Source (Meudon – 92) – 2e prix : classe de 6e, collège Bernard-Palissy (Paris – 75) – 3e prix : classe de 4e5, collège Dupanloup (Boulogne-Billancourt – 92). 4e au 50e prix (à partir de là, plus de classement. Les noms des gagnants sont rangés par département) : classe de 4e4, collège Paul-Portier (Bar-sur-Seine – 10) ; classe de 4eE, collège Les Garrigues (Rognes – 13) ; classe de 6e, collège International Secondary Institut (Bouc-Bel-Air – 13) ; classe de 5e3, collège La Chesneraie (Puyricard -13) ; classe de 5e1, collège La Chesneraie (Puyricard – 13) ; classe de 5e, collège Saint-Joseph (Levier – 25) ; club lecture 6e, 5e, 4e, 3e, collège Notre-Dame (Chartres – 28) ; classe de 6e, collège Beg-Avel (Carhaix-Plouguer – 29) ; classe de 4e, collège Galilée (La Salvetat-Saint-Gilles – 31) ; classe de 5e, collège Françoise-Héritier (L’Isle-Jourdain – 32) ; classe de 5e1, collège Saint-François-Régis (Montpellier- 34) ; classe de 5e5, collège Saint-François-Régis (Montpellier – 34) ; classe de 5e2, collège Françoise-Elie (Bréal-sous-Montfort – 35) ; classe de 4eB, collège Le Rondeau-Montfleury (Corenc – 38) ; classe de 4e5, collège Notre-Dame (Grenoble – 38) ; classe de 6e4, collège Olympe-de-Gouges (Chatte – 38) ; classe de 4eB, collège Aimé-Césaire (Saint-Geours-de-Maremne – 40) ; classe de 6e, collège Saint-Joseph (Saint-Just-Saint-Rambert – 42) ; classe de 4e2, institution des Chartreux-Sainte-Famille (Saint -Étienne – 42) ; classe de 6e3, Institution des Chartreux-Sainte-Famille (Saint-Étienne – 42) ; classe de 4eE, collège Georges-Pompidou (Orée-d’Anjou – 49) ; classe de 5e, groupe scolaire Jeanne-d’Arc, La Salle (Reims – 51) ; classe de 4eB, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 3eC, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 3eA, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 4eC, collège Professeur-Nicaise (Mareuil-Le-Port – 51) ; classe de 4e2, collège René-Rollin (Chevillon – 52) ; classe de 5eD, collège Saint-Jean-Lasalle (Guidel – 56) ; classe 6eC, collège privé Saint-Joseph (Hellemmes – 59) ; classe de 4eA, collège Pierre-Cuallacci (Frévent – 62) ; classe de 5e-3e, institution Sevigné-Saint-Louis (Issoire – 63) ; classe de 3e4, collège Jean-Mentel (Sélestat – 67) ; classe de 6eB, collège Saint-Antoine (Phalsbourg – 67) ; classe de 6eC, collège Saint-Antoine (Phalsbourg – 67) ; classe de 6eB, collège Sainte-Geneviève (Paris – 75) ; classe de 6eC, collège Sainte-Geneviève (Paris – 75) ; classe de 5e3, collège Gabriel-Fauré (Paris – 75) ; classe de 6e, collège Jean-Malaurie (Longueville-sur-Scie – 76) ; classe de 3e1, collège Jean-Malaurie (Longueville-sur-Scie – 76) ; classe de 4eB, collège Notre-Dame (Draveil – 91) ; classe de 3eA, collège EREA Jean-Isoard (Montgeron – 91) ; classe de 3eB, collège EREA Jean-Isoard (Montgeron – 91) ; classe de 4eB, collège Marguerite-Duras (La Garenne-Colombes – 92) ; CDI, collège Madame-de-Sévigné (Gagny – 93) ; classe de 6eD, collège Louis-Aragon (Montigny-les-Cormeilles – 95) ; classe de 6eF, collège Louis-Aragon (Montigny-les-Cormeilles – 95) ; classe de 5eB, lycée français de Séoul (Séoul – Corée du Sud).

Texte du 1er prix catégorie “Je joue avec ma classe”

  • Un texte de Mathis et Noé, avec l’aide de Françoise Blandin classe de 6e, collège École Nouvelle La Source (Meudon – 92)

« Lord Handerson n’ayant pas remis les pieds à Greenhead depuis ses trois ans, il me serait bien difficile de vous répondre. Pourtant, certains bruits étranges courent sur lui ; on dit, par exemple, qu’il serait revenu avec l’intention de se venger, mais de qui ? Pourquoi, après de si longues années d’absence ? Je me suis toujours demandé ce qui était arrivé dans ce château à l’abandon, emprisonné par les ronces, comme celui de la Belle au bois dormant… Le silence se fit… Sadima avait la réputation d’être une femme sage et avisée, ses paroles troublèrent les trois jeunes filles. Mrs Watkins, elle, n’avait pas les mêmes inquiétudes, toute à sa joie déjà de rencontrer un presque futur gendre, elle faisait des projets et se demandait comment le recevoir dignement. Heureusement elle avait un peu de temps devant elle… Mrs Barrett lui avait annoncé qu’il comptait se consacrer en priorité à la remise en état du château et à certaines fouilles, soi-disant archéologiques. Après tout, rien d’étonnant à ce qu’un jeune homme aussi riche ait certaines lubies ! — Il faut que nous soyons prêtes, le moment venu ; ce jeune homme ne doit pas quitter Greenhead sans que l’une d’entre vous ne soit officiellement fiancée avec lui. Je vois déjà la tête de Mrs Barrett, elle va être verte de jalousie : sa fille est loin d’être laide, mais avec une dot aussi minable qui songerait à l’épouser, à part un petit fermier du coin ? Lord Handerson ayant l’habitude de passer à cheval le matin dans les petites rues de Greenhead, Mrs Watkins entraîna sa fille aînée, de façon à le croiser en feignant l’étonnement. Ce jour-là, le jeune duc, perdu dans ses pensées, ne daigna même pas leur faire un signe amical et ne jeta même pas un œil sur la jeune fille, pourtant ravissante et élégamment vêtue. Sans se décourager, Mrs Watkins, accompagnée, à tour de rôle de l’une de ses filles, arpenta tous les matins le centre-ville, avec le secret espoir de l’apercevoir à nouveau. Mais en vain, on ne le vit plus dans les parages pendant de longues semaines… En fait, lord Handerson accordait peu d’attention à toutes les jeunes personnes qui tournaient autour de lui, fort occupé qu’il était, à enquêter sur la cause des décès successifs et inattendus de ses parents, et à rechercher le trésor qu’ils avaient caché vingt ans auparavant. Les fouilles s’annonçaient longues et difficiles, car il manquait cruellement d’informations. Seule lui restait la certitude que ce trésor existait bel et bien, comme le notaire l’avait certifié lorsqu’il avait atteint sa majorité. Dès le lendemain de son arrivée, sans perdre de temps, il commença à fouiller du sol au plafond les différentes pièces du château : il arracha les rideaux, les lambris, souleva les tapis et les lattes du parquet, vida les caves et greniers où personne n’avait mis les pieds depuis des décennies, mais en vain, il ne trouva rien ! Il vivait très modestement, installé dans une petite chambre au 2e étage de la tour, la seule encore habitable, décorée de quelques meubles dont un vieux lit à baldaquin où reposaient deux gros oreillers brodés de fils d’or aux initiales de ses parents. Un soir, découragé, en se laissant tomber un peu trop brusquement sur le matelas, il creva l’un des oreillers dont le tissu était bien usé ; de celui-ci, s’échappa une enveloppe jaunie qu’il ouvrit avec précaution : cette lettre indiquait l’emplacement du trésor, non pas dans son château, mais à sa grande surprise, quelque part dans la maison des Watkins ! La lettre précisait que pour l’obtenir, il lui faudrait se marier avec l’une des filles de la maison, mais pas n’importe laquelle. À lui de choisir la bonne… »

Texte du 2e prix catégorie “Je joue avec ma classe”

  • Classe de 6e, collège Bernard-Palissy (Paris – 75)

« Pour seule réponse elles entendirent les pas lourds de leur mère qui faisaient craquer l’escalier en bois de chêne ciré et lustré depuis des générations avec une promptitude inégalée. Haletante, Mrs Watkins, le chignon défait, apparut devant ses filles, dans une agitation fébrile qu’elles ne lui connaissaient pas. Les portes de Blenkinsop Castle allaient donc se réouvrir ! Dans les yeux de Mrs Watkins dansaient les tables merveilleusement garnies, les longues robes chatoyantes, les lustres de cristal scintillants, ravivant le bleu de ses yeux perdus dans les replis de son visage dégoulinant. Ses lèvres molles se gonflèrent d’une énergie nouvelle et d’un seul souffle éructèrent : Mes filles vous allez épouser le beau, jeune et RICHE Lord Handerson !! Au même instant le tonnerre déchira le ciel de Greenhead et des trombes d’eau se déversèrent sur les tuiles mousseuses de l’humble demeure des Watkins. La brave Mrs Barrett, rapidement congédiée, avait juste eu le temps de refermer sa porte derrière elle et de mettre ses boucles au sec. Médusées par le visage déformé de leur mère, et non par l’orage, auquel elles étaient habituées depuis leur plus tendre enfance, les trois filles eurent un temps d’arrêt avant de s’agiter à leur tour. Ce sera moi, lança l’aîné qui, disait-on, était le portrait craché de Mrs Watkins. Je ne crois pas ! Ce sera MOI ! rétorqua la cadette, qui d’ordinaire était toujours en parfait accord avec sa sœur. Je vous le laisse… ajouta la benjamine, qui avait le tempérament rêveur de son père depuis trop longtemps absent. Alors que ses deux sœurs commençaient à se crêper le chignon, Emily s’était rapprochée de la fenêtre et admirait le paysage agité par les mugissements d’un ciel devenu dément où explosaient les éclats de l’orage, qui toujours la fascinait. Et au milieu de ce chaos fantastique, parmi les herbes qui grouillaient dans le jardin, elle aperçut une plantation de tulipes, dont la lueur éclatante de leurs pousses encore naissantes trouait l’obscurité de ce décor dévasté et splendide. Ça suffit, explosa à son tour Mrs Watkins. Mais sa voix de Castafiore était couverte par les grondements de l’orage et ses deux filles s’étaient déjà emparées des oreillers qu’elles se jetaient au visage dans une frénésie hystérique. Bientôt des plumes volèrent dans toute la pièce faisant éternuer Mrs Watkins et ses deux filles, toutes trois allergiques. Elles faillirent s’étouffer, des larmes coulèrent sur leurs joues cramoisies par la fureur et l’asphyxie. Heureusement, Sadima, en domestique dévouée, se précipita vers les fenêtres qu’elle ouvrit toutes grandes, et apporta un grand verre d’eau clair à Madame et à ses Demoiselles. La pluie avait cessé et le ciel se découvrait, un rayon de lumière entra dans la pièce faisant briller le parquet tapissé de duvet blanc. Au loin, bien au-delà des pâturages et des fermes abandonnées, perdues dans l’horizon, on pouvait apercevoir les tours grises de Blenkinsop Castle. Emily, de sa main fine et blanche, ramassa une plume d’oreiller, la respira avec délicatesse et sourit. L’orage avait éclaté plus tôt que ne l’avait prévu Mrs Watkins. »

Texte du 3e prix catégorie “Je joue avec ma classe”

  • Classe de 4e5, collège Dupanloup

« – Ma foi, pour la richesse, il n’y a pas de souci à se faire, continua Sadima, on dit que le duc Handerson a plus de 80 000 livres de rentes. Quant à la beauté et à la gentillesse, je n’en sais trop rien, on ne l’a jamais vu encore. – En voilà un bon parti ! s’exclama Charlotte, l’aînée. 80 000 livres de rentes ! Quelle fortune ! On peut acheter des centaines de robes avec une telle somme. – Mais que fais-tu de la gentillesse ? et de la générosité ? demanda Margareth, la benjamine. – Quelle importance, tant qu’il est beau et fortuné, la rabroua la cadette, Victoria. Margareth haussa les épaules. Elle ne comprenait pas l’enthousiasme de ses sœurs. La richesse ne faisait pas le bonheur. C’est au marché, le dimanche suivant que la nouvelle se répandit. Personne ne l’avait vue venir. Même la boulangère Mrs Bish, d’ordinaire si flegmatique, en tomba de sa chaise emportant, dans sa chute, ses petits pains. La surprise fut d’autant plus grande lorsque l’on apprit qu’un bal aurait lieu la semaine d’après, à Blenkinsop Castle, qui on ignorait comment, avait été débarrassé de toutes ses ronces. Seule la haute société britannique y était conviée. Toutes les mères se précipitèrent chez l’unique couturière de la ville, pour se procurer les plus belles toilettes de bal et autres colifichets. Mrs Watkins n’était pas en reste ! Elle fit venir de Londres, des tissus de mousseline, des éventails « vernis martins » et des gants de satin. Les pères se frottaient les mains d’aise, en s’imaginant marier une de leurs filles à un riche parti. Toutes les jeunes filles rêvaient d’une vie de bals, de fêtes et de dorures. Mais alors que tout le village se préparait, un événement inattendu vient gâcher les réjouissances. Dans le pub, The royal eagle, un personnage fit son apparition. Elle se présenta sous le nom de Mrs Bunners et déclara qu’elle était l’ancienne nourrice de celui dont elles rêvaient toutes. Lorsqu’on lui demanda des informations sur le duc, elle répondit avec gravité : – Qu’il cherche à se marier, ça, je n’en doute pas. Mais je plains celle qui gagnera son cœur. Tout le monde resta sans voix. Elle conta rapidement que l’âme de cet homme était aussi noire qu’il était riche, que durant toutes les années où elle s’occupait de lui la noirceur ne l’avait jamais quitté dans ses paroles et dans ses actes. – Laissez tomber les 80 000 livres de rentes, si c’est pour marier vos filles à ce goujat ! avait-elle conclu, en sortant du pub. Cette nouvelle avait ébranlé l’enthousiasme de tous ceux qui s’étaient tellement réjouis auparavant. La rumeur enfla dans les foyers de Greenhead. Alors que toutes les mères étaient en émoi, Mrs Watkins ne se laissa pas détourner de son objectif : peu importaient les défauts et les travers du duc. Elle décida de ne pas ébruiter ces rumeurs auprès de ses filles : elles devaient se montrer sous leur meilleur jour. »