Je Bouquine : Une petite flamme dans la nuit

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Séquence de littérature – cycle 3 – CM2 . Un roman écrit par François David

Fiche pédagogique réalisée par Éléonore Nessmann, professeure des écoles, docteure en Littératures comparées. Avant d’entrer dans le détail de la séquence, Éléonore Nessmann, nous décrit les principaux intérêts de l’œuvre.

L’intérêt littéraire et didactique

Il est des lieux où les «pourquoi» ne trouvent pas de réponses, des lieux où n’existent ni règles, ni logique, ni morale, aucune valeur hormis la loi du plus fort. Dès lors, celui qui y est soumis ne peut constater que des «comment»: comment perdre son identité, comment survivre, comment mourir aussi. Point de justification.

Le récit de François David, Une petite flamme dans la nuit, est particulièrement adapté à des élèves de cycle 3. Tout à la fois sensible et dramatique, il raconte une brève histoire, celle d’une jeune femme et d’une petite fille enfermées dans un camp de concentration. Lila ne veut plus dormir, terrifiée par l’horreur de chaque journée qu’elle vit. «Ici, ne pas dormir, c’est mourir. (…) Je vais t’aider» lui dit Moune (p.8) et, telle la Shéhérazade des Mille et une Nuits, elle raconte chaque nuit une nouvelle histoire à la petite Moune, sorte de fil rouge reliant chacun des contes du récit afin de l’aider à s’endormir et retrouver, chaque matin, la force d’espérer.

François David, fondateur et directeur littéraire des éditions Møtus depuis 1988, a publié de nombreux ouvrages à destination de la jeunesse. Ses œuvres, écrites dans une langue poétique et délicate, abordent des thèmes difficiles tels que le racisme, la guerre ou la différence. Plusieurs de ses textes, dont Une petite flamme dans la nuit, ont été adaptés au théâtre. Sa collaboration avec Henri Galeron, dont les illustrations ornent de nombreux ouvrages pour la jeunesse (chez Gallimard et Bayard Presse notamment), est aussi un élément fort de l’ouvrage qu’il conviendra de ne pas négliger. Les images de l’illustrateur — ils ont collaboré à plusieurs reprises ensemble — deviennent dès lors source d’interrogation pour les élèves et leur fort potentiel poétique permettent ainsi de transcender le texte.

Une petite flamme dans la nuit, inscrit sur la liste de référence des ouvrages de littérature de jeunesse pour le cycle 3, est un ouvrage à portée universelle. Fort et dense, il propose aux élèves d’entrer en résistance contre les dangers de l’intolérance et du racisme par ses multiples champs d’interprétation et convoque, l’actualité en étant la triste preuve, la nécessité de l’apprentissage du devoir de mémoire et de sa transmission.

Lien avec les programmes

La séquence proposée est destinée aux élèves de cycle 3, plus particulièrement aux élèves de CM2. L’entrée dans le livre peut s’avérer déstabilisante du fait de la double narrativité sur laquelle le pacte de lecture s’établit, ainsi que la délicatesse extrême du sujet abordé. La mort, la souffrance et l’indicible sont autant de notions complexes à aborder à cet âge, mais les contes — au nombre de douze — permettent au jeune lecteur de prendre du recul et de croiser des notions et des thèmes comme insomnie/ racisme/ intolérance/ tyrannie/ barbarie/ oppression /deuil/ mort en opposition avec repos/ résistance/ espoir/ libération/ solidarité/ action collective/ amitié, mis en valeur dans les contes racontés par Moune.

  • « On étudie: […] des récits de vie en rapport avec le programme d’enseignement moral et civique et/ou le thème 2 du programme d’histoire de CM2 ».
  • «La littérature est également une part essentielle de l’enseignement du français (…)« . elle nourrit les pratiques d’écriture. Au cycle 3, l’accent est mis sur l’appropriation du texte littéraire par l’élève (…). Le cycle 3 construit ainsi une première culture littéraire et artistique structurée autour de grandes entrées pour chaque année du cycle ».
  • «Les quatre valeurs et principes majeurs de la République française sont la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité. S’en déduisent la solidarité, l’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi que le refus de toutes les formes de discrimination. L’enseignement moral et civique porte sur ces principes et valeurs, qui sont nécessaires à la vie commune dans une société démocratique et constituent un bien commun s’actualisant au fil des débats dont se nourrit la République ».
  • «On évoque la Résistance, la France combattante et la collaboration. On aborde le génocide des Juifs ainsi que les persécutions à l’encontre d’autres populations ».

Enjeux de l’unité d’apprentissage proposée

Les sept séances qui suivent s’appuient particulièrement sur ces différentes compétences :
Lire, comprendre et interpréter un roman en fondant l’interprétation sur quelques outils
d’analyse simples.
Situer un récit littéraire dans son contexte historique et culturel.
Lire une œuvre complète et rendre compte oralement et par écrit de sa lecture, par le
biais, notamment, du carnet de lecteur de l’élève.

Modalités de travail proposées

Une petite flamme dans la nuit se présente sous la forme de douze contes ayant pour thème commun l’oppression exercée sur une minorité ou sur un peuple tout entier. Chacun de ces contes développe un aspect particulier de cette oppression. Les séances qui suivent traitent de cinq contes choisis pour les notions développées.

  • La Shoah, un des axes du programme d’histoire des CM2, est évoquée par l’histoire de Moune et de Lila. Toutefois, la situation qu’elles traversent peut être reliée à nombre d’évènements de la période historique contemporaine. C’est pour cela que le travail de lecture et d’analyse de l’ouvrage peut se faire de manière décrochée des séances d’histoire en fonction des besoins de l’enseignant, de ce qui est étudié en classe, de l’actualité, grâce à des va-et-vient réguliers, sans obligation d’étudier à tel moment tel aspect du programme.
  • L’objectif est d’amener chaque élève de la classe à lire cet ouvrage. Pour autant, cela n’implique pas la découverte et la lecture analytique de chacun des contes en classe par l’ensemble des élèves. En groupe classe, on privilégiera la lecture et la découverte en profondeur de cinq contes choisis en fonction des thèmes qu’ils dégagent et des notions qu’ils recoupent : le racisme/ l’antisémitisme, le mensonge, l’obscurantisme, la cruauté envers plus faible que soi, la tyrannie.
  • Les autres contes pourront être lus en classe et faire l’objet d’un «nourrissage culturel» s’inspirant de la méthode de Serge Boimare. Les textes seront lus à haute voix par l’enseignant puis seront suivis d’une discussion ou un débat entre élèves permettant le développement de leur pensée.
  • Ce travail sera suivi d’activités de productions d’écrits qui seront consignées dans un carnet de lecteur.
  • Si les élèves n’ont pas de carnet de lecteur, cette lecture peut être l’occasion de mettre en place cet outil. Celui-ci permet de consigner des citations intéressantes, des questions que l’on se pose au fil de la lecture, des appréciations sur les histoires narrées voire des dessins et des croquis représentant des personnages ou des lieux de l’action (voir notamment la séance 6, p.13).

  • Pour obtenir la séquence pédagogique complète avec le déroulement des séances :