Apprendre aux élèves à repérer et déconstruire les stéréotypes sexistes

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Chouette, pas chouette !* : 16 programmes courts animés, diffusés gratuitement sur Bayam à partir du 13 janvier, sensibilisent les enfants à la lutte contre le sexisme ordinaire. Conçus pour des enfants de 4 à 6 ans, ils constituent un bon point de départ à un travail dans les grandes classes.

Bayard Éducation est heureux de vous offrir le livret pédagogique réalisé par le CLEMI** pour les professeurs des écoles et les enseignants de la maternelle à la 6e. Les activités proposées permettent d’aborder le quotidien des relations filles/garçons et du vivre-ensemble de la maternelle à la 6e.

Trois entrées thématiques sont proposées :

  • L’apparence : À quoi doit ressembler une fille, un garçon ? (cycle 1).
  • Le comportement : Questionner le “fais-le comme une fille / comme un garçon” (cycle 2).
  • Le devenir : Les désirs d’orientation, c’est quoi les métiers de “femme” / “d’homme” ? (cycle 3).
Virginie Sassoon, directrice adjointe du CLEMI
Virginie Sassoon © JF Deroubaix

Virginie Sassoon, directrice adjointe du CLEMI, revient sur ce projet inédit.

C’est assez rare pour être souligné : à travers le CLEMI, l’Éducation Nationale a été associée à la conception de ces dessins animés…

Effectivement ! Le CLEMI a été sollicité dès le début : la série n’était pas encore conçue, aucun scénario n’était écrit. Lors de la première réunion, nous avons parlé de notre concours #ZeroCliché pour l’égalité filles-garçons, qui vise lui aussi à déconstruire les stéréotypes sexistes. Nous l’organisons depuis 8 ans : cela fait donc 8 ans que des classes de la maternelle à la terminale nous envoient leurs productions sur ces thématiques. En 2019, 3500 élèves y ont participé. Cette matière-là est très riche pour identifier ce qui préoccupe les enfants et comment se manifestent les stéréotypes sexistes dans leurs vies. Finalement, le CLEMI a apporté l’expertise du terrain. Mais seuls dans notre coin, nous n’aurions jamais eu le même impact. Collaborer ainsi avec la société civile, des acteurs privés et des médias a donné une vraie force à cette réponse collective. Ça dit aussi l’importance de cette cause, qui doit mobiliser tout le monde : enfants, parents, enseignants.

En quoi votre expérience du terrain a influencé les scénarios ?

Pour vous donner un exemple, l’idée initiale, c’était de travailler sur “la violence faite aux femmes”. Pour un public visé de 4 à 6 ans, c’est compliqué ! Il nous a semblé plus opportun de commencer par les questions d’assignation, qui, sans avoir l’air, sont aussi des violences : une fille doit avoir les cheveux longs, un garçon ne doit pas pleurer, une fille ne peut pas être meneuse, etc. Toutes ces idées empêchent les enfants d’être aussi libres qu’ils pourraient l’être et s’inscrivent dans un écosystème global dont découlent bien des inégalités, des violences, des discours de haine. Cette réflexion a été menée collectivement avec tous les partenaires du projet.

Comment les enseignants peuvent-ils s’en emparer ?

Pour les plus âgés, les épisodes constitueront une simple amorce à un travail plus profond. Mais même s’ils sont conçus pour des enfants de 4 à 6 ans, le ton n’est jamais bébé, et la mécanique scénaristique convient à des plus grands. Nous avons conscience que beaucoup d’adultes ne sont pas formés pour aborder ces thématiques-là. Il y a une vraie éducation du regard à faire ! Nous avons dégagé trois grands axes, présentés dans le livret pédagogique : l’apparence (pour les plus jeunes), le comportement (pour le cycle 2), le devenir (pour le cycle 3). Des activités pédagogiques sont proposées, de la maternelle à la sixième. Les livrets indiquent aussi de nombreuses autres ressources, adaptées aux différents niveaux.

Comment les séances scolaires proposées ont-elles été conçues ?

Trois enseignants et coordonnatrices du CLEMI en académies ont été sollicités. Deux professeures des écoles des académies de Paris et de Versailles, Anne Lechaudel et Séverine Poncet-Ollivier, ainsi qu’un enseignant d’histoire-géographie-EMC, Séverin Ledru Milon, de l’académie de Créteil. À partir des scénarios des 16 dessins animés, cette équipe a cherché à embrasser l’ensemble des questionnements au regard de nos expériences terrain : à quoi “doit” ressembler une fille ? un garçon ? C’est quoi un sport de garçon ? Un sport de fille ? C’est quoi les métiers d’hommes ? De femmes ? etc. Les séquences se déroulent en plusieurs séances, mais chacun peut bien sûr l’adapter à son programme et ses envies. Et comme la mission du CLEMI reste l’éducation aux médias et à l’information, chaque séquence pédagogique vise à faire réaliser aux élèves une production médiatique (publicité, Une de journal, vidéo, reportage photo, article etc.). J’espère que ces réalisations nous seront adressées, dans le cadre du concours #ZeroCliché pour l’égalité filles-garçons. Cela permettrait de les mettre en valeur !

Propos recueillis par Anne Bideault

* Chouette, pas chouette ! une série de Franck Salomé, Nicolas Sedel, Fernando Worcel et Sandrine Acquistapace créée à l’initiative de Make.org et produite par 2 Minutes en coproduction avec Gaumont.

  • Cliquez ici pour regarder les 16 programmes courts animés. Choisissez entre « Je teste gratuitement, 3 à 6 ans ou 7 à 10 ans » et allez ensuite dans la rubrique « REGARDER » . Découvrez ici l’épisode 8

** Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information