Le concours « Écris un poème » avec Mes premiers J’aime lire : avec votre classe, faites rimer l’école !

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Le magazine Mes premiers J’aime lire lance un concours de poésie. Le sujet : « Ce que les élèves aiment à l’école ». Antony Soron, professeur de lettres à l’INSPE Paris, vous invite à vous en saisir et vous propose un cadre d’accompagnement à la réalisation du poème, sous forme d’une courte unité d’apprentissage d’une durée d’une semaine.

Objet de la fiche : Mes premiers J’aime lire propose à ses jeunes lecteurs abonnés ou occasionnels de participer à un concours de poésie consistant à écrire un court poème sur « Ce que tu aimes à l’école ».

Âge des élèves possiblement concernés par le concours : le concours s’adresse à des lecteurs âgés de 8 ans au plus à la date de clôture du concours. En conséquence, il est exploitable par des professeurs des écoles ayant en responsabilité des classes de cycle 2.

Fonction de la fiche : l’idée est ici de proposer un cadre d’accompagnement à la réalisation du poème correspondant à une courte unité d’apprentissage d’une durée d’une semaine : soit 3 heures de travail en classe à répartir de façon spécifique en fonction de l’emploi du temps des classes concernées.

Pertinence du concours par rapport aux tenants et aboutissants de l’activité d’écriture au cycle 2 telle que définie dans les programmes

• L’apprentissage de la compréhension de l’écrit se construit simultanément au travers des activités de lecture et d’écriture, dans un esprit de cohérence et de complémentarité.
• Les allers et retours entre compréhension et production orales d’une part, compréhension et production écrites d’autre part, facilitent progressivement l’accès à l’écrit structuré, pour traduire sa pensée tout en respectant les contraintes liées à la forme.
• Parallèlement au perfectionnement du geste graphique et à l’apprentissage de la copie, les élèves sont confrontés à la production d’écrits de formes et de genres divers, en appui sur les textes lus, étudiés. Ils s’approprient ainsi des stéréotypes à respecter ou détourner, dans un souci de communication.
La pratique de la relecture pour améliorer son texte s’articule avec les activités de lecture et les activités dédiées au sein de la classe, conduites avec bienveillance par le professeur qui encourage la collaboration entre pairs.

Pertinence du thème retenu : ce que tu aimes à l’école

• Enjeu littéraire : le thème de « l’école » est fécond en poésie. On compte nombre de poèmes qui font l’éloge du lieu scolaire et évoquent certains des sous-thèmes indiqués dans la fiche descriptive du concours : « retrouver tes copines ou tes copains, apprendre une poésie, jouer dans la cour, avoir une bonne note, rire avec la maîtresse… ». On citera à titre exemplaire le poème de Pierre Gamarra, Mon école :

« Mon école est pleine d’images/pleine de fleurs et d’animaux/Mon école est pleine de mots » ou encore celui de Raymond Queneau, Un enfant a dit : «Un enfant a dit/je sais des poèmes/un enfant a dit chsais des poésies».

La « cour », le « cartable », les « crayons », la plupart des objets propres à l’école ont été évoqués par les poètes en ce sens qu’ils appartiennent pour ainsi au paradis de l’enfance.

• Enjeu d’étude la langue : ll s’agira de bien faire distinguer les énoncés suivants: « ce que j’aime à l’école » et « l’école que j’aime ». L’idée étant de faire compléter ces énoncés embrayeurs pour montrer que le premier invite à associer l’école à quelque chose qui lui est spécifique tandis que le second invite à lui faire correspondre une qualité générale.

> Exemple : Ce que j’aime à l’école, c’est quand la maîtresse sonne l’heure de la cour.

> Exemple : L’école que j’aime est pleine de fleurs.

Enjeu d’interaction oral/écrit : « L’école » s’apparente à un thème qui fait parler les enfants, y compris ceux de maternelle dans la mesure où il renvoie spontanément au premier cercle des préoccupations des enfants. Chacun d’entre eux en a en effet forcément une « petit » idée. Il sera par conséquent assez naturel de « faire parler » les élèves de leur école et de la relation qu’ils entretiennent avec elle avant qu’ils soient en situation de l’évoquer dans leur poème. On le fera d’autant plus aisément qu’on les invitera à être concrets, soit à s’attacher à toutes ces « petites choses » qui rassemblées formeraient l’image l’idéale de leur école. Cette démarche, sur le plan poétique, s’avère particulièrement justifiée, qu’on se souvienne à titre exemple du titre du recueil de Francis Ponge, Le parti pris des choses (1942), qui revisite poétique les objets du commun.

Mise en œuvre du projet d’écriture

L’idée est d’organiser une “semaine du bonheur” au terme de laquelle chaque élève de la classe devra aboutir au court poème attendu dans le cadre du concours.
• Pour les élèves encore non scripteurs, le professeur des écoles devra recourir à la dictée à l’adulte.
• Le cadre pédagogique proposé peut induire un projet plus vaste. Il importe par conséquent d’en avoir une relecture relative à sa propre programmation annuelle. En effet, il contient en germe des possibilités de développement tant sur le plan de la lecture de poème que celui de la production orale (débat philosophique). Cependant, il peut aussi n’être considéré que dans sa perspective la plus stricte : c’est à dire mettre les élèves en situation de préparer un concours d’écriture, sachant que certains d’entre eux n’y auraient pas pensé sans l’initiative de l’enseignant.

1ère étape

En fonction de la classe en responsabilité, on peut imaginer deux déroulements possibles sur une journée :
– soit on place la phase 1 le matin et la phase 2 l’après-midi ;
– soit on enchaîne les deux phases sur une même demi-journée.  

Phase 1 : dominante “oral” – lecture/compréhension – travail collectif

Projeter au tableau l’annonce téléchargeable du concours “Écris un poème”. Il s’agit d’emblée d’une activité de lecture et de décodage des informations données. Il est essentiel de ne pas passer trop vite sur cette étape préalable afin que chaque élève comprenne les enjeux et les contraintes du concours. Les programmes de cycle 2 invitent d’ailleurs à intégrer, dans les corpus de textes retenus en classe, des énoncés impliquant des documents (image + texte) à valeur informative. La lecture du document projeté par l’enseignant gagnera à être étayée à partir du questionnement suivant :
. quoi ? Un concours de poésie;
. pour quoi faire ? Écrire un poème de quatre lignes sur le thème de « ce que tu aimes à l’école » (informations centrales écrites en gros caractère);
. pour gagner quoi ? (informations visuelles);
. pour qui ? Des lecteurs de moins de 8 ans au plus ;

Phase 2 : dominante “oral” – lecture/compréhension – travail collectif

1. Projeter au tableau la deuxième page d’annonce du concours : “Comment participer ?”.
2. Relire à haute voix le paragraphe “Invente un poème sur ce que tu aimes à l’école ?”.
⇒ Le texte se veut très concret en donnant des embryons de réponses possibles comme “retrouver tes copines ou tes copains” ou “apprendre une poésie”, « jouer dans la cour », « avoir une bonne note », « rire avec la maîtresse ».
3. Les enfants sont invités à fermer les yeux et faire silence afin d’essayer de se représenter dans leur tête quelque chose de l’école qu’ils apprécient particulièrement.
4. Les élèves énoncent les uns après les autres, en fonction de leur inspiration du moment, leur idée sur ce qu’ils aiment de l’école. L’enseignant pourra embrayer les réponses en posant la question : « Si je te demande ce que tu aimes à l’école, tu penses à quoi ? »

⇒ Il peut s’agir d’un moment particulier – le temps de la lecture – ou d’un objet (la trousse, le crayon, le cartable).

On pourra s’attendre à deux types de réponses : minimalistes comme « les livres » ou plus étoffées comme « mon crayon de couleurs car il est joyeux ».

De là, la possibilité, en fonction du temps restant, de réclamer une justification et/ou une caractérisation rapide de l’élection de tel ou tel élément propre à la vie de l’école.

 

2ème étape – dominante “lecture”

Phase 1 : écoute d’un poème, «Je voulais dans mon cartable» de Pierre Ruaud mise en musique et interprété par Grégoire – oral – travail collectif

1. Procéder d’abord à un temps de « pré-écoute » du poème de Pierre Ruaud en demandant aux  élèves ce que eux auraient envie de mettre dans leur cartable idéal.
2. Faire entendre le poème interprété par Grégoire.
3. Demander aux élèves ce qu’évoque le poème > trois éléments essentiels : l’enfant voudrait mettre dans son cartable des objets qui n’ont pas coutume de s’y trouver : « mes châteaux de sable, mes cerfs-volants… » / sa mère lui dit que ce n’est «pas permis» / l’enfant se résout à mettre dans son cartable un objet plus attendu le « stylo » qu’il caractérise cependant de façon méliorative, « alors j’ai pris un beau stylo ». 

Phase 2 : dessin – travail individuel

1.Demander aux élèves de se représenter dans leur tête quelque chose qu’ils aiment à l’école : une situation, un objet, un lieu, un individu.

Leur proposer de le dessiner.

Matériel : feuille, crayon à papier, crayons de couleurs.

2. Demander ensuite aux enfants, tout en montrant leur dessin, d’expliquer ce qu’ils ont cherché à mettre en valeur.

Noter leurs réponses au tableau > exemple : « mon stylo quatre couleurs».

L’objectif est de leur montrer que le plus simple des objets en poésie peut très vite devenir très évocateur. En l’occurrence, « le stylo quatre couleurs » serait à même par exemple d’être associé à un arc-en-ciel. D’où l’intérêt que les enfants gardent en tête le poème de Pierre Ruaud qui ne se contente pas « de mettre dans le cartable » simplement des objets scolaires. Le poème attendu doit avoir quelque chose de singulier et/ou d’amusant. Il ne faut pas en rester à une simple nomination d’objets. La qualité de la création tiendra pour une grande part à la manière dont un objet, un moment spécifique ou un lieu aura été redécouvert par le poème :

Exemple :

Ce que j’aime à l’école c’est mon stylo quatre couleurs

L’arc-en-ciel que je porte sur mon cœur.

3ème étape – dominante “écriture”

Phase 1 : formalisation des contraintes d’écriture du poème

1. Afficher au tableau le formulaire téléchargeable où devra être recopié le poème. Faire constater aux élèves que le document ne comporte “que” quatre lignes. Le poème attendu relève donc d’une forme courte.
2. Demander aux élèves s’ils se souviennent du sens du mot “rime”. Les inciter à donner des exemples. Faire un test avec le mot “trousse/mousse (ballon en) – stylo/mots etc.
3. Leur indiquer qu’ils ont le choix de faire rimer leurs phrases ou pas. Beaucoup de questions sont susceptibles de venir à ce moment. D’où l’intérêt de travailler avec un agrandissement au tableau du formulaire que l’on pourra compléter partiellement, effacer… bref, qui sera le lieu d’essais.
⇒ Le questionnement tiendra en particulier à la rime. Certains élèves ayant probablement envie de construire leur poème sur une seule rime. Il faut alors pouvoir leur montrer que le poème devant faire quatre lignes, s’ils souhaitent le faire rimer, ils peuvent aussi choisir deux rimes.

⇒ Il sera enfin possible pour eux de réaliser un poème sans rime

Phase 2 : essais d’écriture

Vous avez 2 possibilités pédagogiques :

Possibilité n°1 : dans ce premier cas, les élèves écrivent “en vrac” les mots, les expressions voire les phrases de ce qu’ils aiment à l’école. L’idée est de les conduire à une vraie liberté d’expression.
⇒ Pour les élèves bloqués par l’expression écrite préalable, il y a lieu de recourir à l’oralisation : l’utilisation d’un enregistreur est conseillée et si elle n’est pas possible, il faudra recourir à la dictée à l’adulte.
⇒ Il est évident que la formulation la plus simple est d’ordre anaphorique : “Ce que j’aime à l’école, c’est… ». Cette structure peut servir d’embrayeur aux élèves qui bloquent.

Possibilité n°2 : distribuer un modèle photocopié du formulaire type.
Dans ce second cas, l’écriture est menée “sous la contrainte” avec d’emblée une prise en compte du format final attendu.
⇒ En réalité Il n’y a pas  de solution absolue : tout va dépendre de l’inspiration des élèves et de leur manière de s’engager dans l’activité.

Il va de soi que certains élèves auront fini avant les autres, notamment ceux qui vont très vite trouver l’inspiration.
Pour eux, trois étapes complémentaires :
1. Finaliser le travail, avec recopie du texte après validation de l’enseignant.
2. Compléter la deuxième partie du formulaire à fonction informative sur le candidat.
3. Aider leurs camarades à corriger les erreurs présentes sur leur brouillon.

4ème étape – dominante “lecture à haute voix”

1. Chaque élève lit son poème (possibilité de l’apprendre par cœur et de le réciter).
2. Relire à haute voix les trois poèmes sur l’école.

Conclusion : le concours offre une possibilité concrète d’activité à la fois poétique et ludique.
Il serait donc justifié de l’exploiter dès la première période de l’année scolaire, soit – pourquoi pas – dès la fin septembre voire début octobre. La poésie de l’enfance reste un genre très couru par les élèves du fait notamment de sa brièveté. Elle a par conséquent toutes les raisons de constituer un fil conducteur littéraire de l’année.
Illustrations : Pascal Lemaître.

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