Jean-Michel Perronnet nous montre comment les documentaires, alliant textes et images, peuvent être une aide précieuse dans une démarche d’apprentissage.
La lecture documentaire est une lecture à part entière qui suppose des compétences spécifiques de lecture qui peuvent commencer à s’acquérir dès le cycle 2. Les documentaires, en mêlant textes, images et croquis peuvent accompagner de nombreuses démarches d’apprentissage. Ils visent principalement à accroître les connaissances des jeunes lecteurs qui y trouveront des réponses à des questions quant à eux-mêmes ou au monde qui les entoure.
Un outil singulier
Pour les enseignants de l’école élémentaire, les documentaires sont une mine de variétés, de richesses et de plaisirs, et ce dès l’école maternelle. Cette dernière initie les élèves à faire la différence entre les albums de fiction et les albums documentaires. Un livre documentaire se présente souvent comme un texte découpé en paragraphes qui alternent avec des titres et sous-titres qui sont des jalons de lecture associés à tout un système d’illustrations et de légendes. Le jeune lecteur est sollicité pour établir des complémentarités entre le texte et les illustrations.
A proposer dès la maternelle
Depuis quelques années, dans le domaine des sciences, des techniques et de la découverte du monde, on a vu apparaître beaucoup de livres qui favorisent l’observation, la manipulation et l’expérimentation ludique. À partir d’expériences bien photographiées, accompagnées de textes simples, de schémas et de croquis, ils expliquent des concepts scientifiques aux enfants.
« La petite encyclopédie YOUPI des grands curieux » qui s’adresse aux enfants dès l’âge de 5 ans, s’inscrit bien dans cette approche renouvelée des sciences. Elle accorde une place importante à la mise en place d’une démarche d’investigation, complétée par une démarche documentaire. Chaque sujet est présenté sur une grande image, qui s’ouvre sur un cahier de 4 pages proposant des expériences. Dans Les secrets de l’eau, les enfants découvrent comment fabriquer un jet d’eau, un pont ou un aspirateur à eau et comprennent comment se forment la rouille ou la buée. Ces ouvrages montrent ainsi qu’il est possible de mettre en œuvre, avec simplicité, une démarche scientifique pertinente avec des enfants dès la maternelle. Dans la même collection : Le chaud et le froid.
Différents niveaux de lecture
Les textes documentaires nécessitent d’initier les jeunes lecteurs à de nouveaux types de lecture. En effet, ils obligent à appréhender la page, non pas du début à la fin, mais comme une globalité qu’il faut décomposer en blocs d’informations. L’élève doit apprendre à varier les modes de lecture en fonction des textes (lecture sélective, lecture de survol), à lire des images, des croquis et des schémas, et à repérer et utiliser les aides (tables des matières et index).
L’ouvrage Bon appétit, L’alimentation dans tous les sens, publié par Bayard en partenariat avec la Cité des Sciences, se prête bien à ce type de lecture. Il propose un ensemble de conseils pour bien manger et participe d’une réelle éducation alimentaire en révélant les secrets de notre appétit et de notre assiette, tout en éduquant le jeune consommateur.
Support de réflexion…
Des problèmes de société, dont on ne parlait pas dans les livres documentaires de jeunesse il y a quelques années, sont actuellement traités. Destinée aux enfants de 7 à 11 ans, « Des questions plein la tête » est une collection qui a pour ambition de leur proposer un champ de réflexion sur leur propre vie et sur la société dans laquelle ils grandissent. Comment on fait quand on est handicapé est construit à partir de questions posées par des enfants. Avec des mots justes, cet ouvrage apporte des réponses à des questions parfois difficiles ou embarrassantes sur le handicap et les difficultés rencontrées par les personnes handicapées. Une lecture à faire partager pour mieux appréhender le « vivre ensemble ». Dans la même collection : Pourquoi des gens vivent dans la rue.
… et soutien des connaissances
Les différents domaines disciplinaires, à tous les niveaux du cycle 3, offrent de nombreuses occasions de requérir des lectures documentaires. Il revient à l’enseignant de repérer si le livre documentaire permet de faire formuler un questionnement, de démarrer une recherche, de préparer ou de prolonger un débat, un exposé ou une visite, s’il constitue un support de réflexion ou s’il permet de reformuler des connaissances ou d’ouvrir sur l’imaginaire.
La collection « Images Doc » répond à ce souci d’accompagnement. En proposant plus de 300 photos, des schémas explicatifs et des textes accessibles, elle offre une alternative aux manuels et peut trouver sa place dans une bibliothèque de classe et dans une BCD.
L’ouvrage Les grandes inventions retrace l’histoire de celles qui ont amélioré la vie quotidienne des hommes et des femmes et apporte un éclairage original sur l’utilisation des objets à travers l’histoire. Dans Les grands personnages de notre histoire, les élèves trouveront tous les types de documents pour établir le portrait d’un personnage historique, d’un grand créateur ou d’un savant.
Grâce à l’image, plus accessible aux lecteurs fragiles
Alors que la fiction s’appuie sur une construction littéraire avec souvent des références culturelles, les documentaires, en donnant des représentations de la réalité, sont parfois plus accessibles aux lecteurs fragiles en faisant sens par rapport au vécu. D’autre part, la présentation et l’originalité des maquettes permettent différents niveaux de lecture. Des élèves en difficultés vont entrer dans le livre par le biais de l’image et s’aider des éléments textuels pour comprendre les contenus d’un document.
Néanmoins, pour se confronter aux ouvrages documentaires, ces élèves auront besoin du guidage du maître qui leur apportera des aides. Il pourra, par exemple, présélectionner les supports, leur apprendre à se repérer dans un sommaire pour rechercher des informations, les aider à sélectionner les mots-clés ou à identifier le sujet d’un document. Enfin, il montrera que le recours aux textes documentaires permet très souvent de mieux comprendre des textes fictionnels.
Par Jean-Michel Perronnet, professeur à l’IUFM de Créteil.
« Dès la maternelle, faire la différence entre les albums de fiction et les albums documentaires. »