Je Bouquine : les orangers de Versailles t.2

Publié le

Séquence de littérature – cycle 3. Un roman écrit par Anne Pietri Fiche pédagogique réalisée par Nathalie Betton, formatrice en lettres à l’INSPE Sorbonne Université, agrégée de grammaire. Avant d’entrer dans le détail de la séquence, Nathalie Betton nous décrit les principaux intérêts de l’œuvre.

Littéraire et didactique

Parfum de meurtre, roman historique écrit par Annie Pietri et publié pour la première fois chez Bayard en 2009, constitue le tome 2 de la trilogie Les Orangers de Versailles. Le lecteur retrouve Marion Dutilleul, jeune héroïne au talent exceptionnel, qui a su, dans le précédent roman, déjouer un complot contre la reine Marie-Thérèse puis est devenue parfumeuse officielle du roi Louis XIV.
Cinq ans après la tentative d’empoisonnement de la souveraine par la Marquise de Montespan, favorite du roi, Marion se trouve en très mauvaise posture. En effet, Athénaïs de Montespan lui voue une haine durable et souhaite qu’elle disparaisse afin d’ourdir un nouveau complot. Elle fait donc appel à l’empoisonneuse Catherine Monvoisin, surnommée La Voisin.
Ce roman historique, dont la narration est prise en charge par un narrateur omniscient, tient en haleine le lecteur qui « tremble » pour Marion jusqu’au dénouement. L’héroïne, si active au tome 1, est victime d’un enlèvement dans Parfum de meurtre et se trouve donc en péril. Bien que captive de La Voisin dans 8 chapitres, elle parvient à jouer un véritable rôle dans le récit, usant de sa ruse sans jamais renoncer à ses valeurs.
L’intrigue, resserrée, se déroule sur 12 jours. La narration est linéaire. Toutefois, deux passages en italique, aux chapitres 2 et 11, constituent des retours en arrière, le narrateur apportant également un commentaire au chapitre 2.
Le suspense est maintenu par des fins de chapitres ouvertes, des informations passées sous silence à dessein (Marion entend une conversation dont le contenu est dissimulé au lecteur), l’interprétation de certains indices parfois trompeurs (identification du cadavre au chapitre 4), une ellipse narrative entre les chapitres 10 et 11.
De nombreux passages dialogués rendent le roman vivant et rythmé, ainsi que l’alternance des lieux évoqués dans les différents chapitres et les actions qui s’y déroulent.
La lecture de cet opus permet de mettre en lumière les particularités d’un roman historique, alliant éléments réels et part fictionnelle.

Les thématiques abordées dans ce roman

  • La vie à la cour de Louis XIV : Versailles et ses jardins, les favorites du roi, les intrigues
  • La superstition : sorcellerie, croyances, crainte de Satan
  • La maltraitance physique et psychologique des enfants : La Voisin se montre menaçante, humiliante envers sa fille Marie-Marguerite qu’elle ne cesse de rabaisser. Le narrateur laisse entendre qu’elle est habituée aux coups de sa mère.
  • L’ascension sociale et les réactions qu’elle génère : Marion, bien que fille de jardinier, est devenue parfumeuse officielle du roi, ce qui lui vaut la jalousie des dames bien nées.

Contexte historique

L’action prend place entre le 1er et le 12 mars 1679. Louis XIV, âgé de 41 ans, règne sur la France.
Marie-Angélique de Fontanges, jeune femme de 17 ans, devient l’une de ses favorites, ce qui suscite la haine de la marquise de Montespan, qui souhaite sa mort. De nombreux empoisonneurs sévissent à cette époque, fournissant philtres d’amour et « poudres de succession » à celles et ceux qui les sollicitent. En 1677, le roi aurait fait l’objet d’un complot, évoqué dans le roman. La Voisin est arrêtée et exécutée en 1680 (4). Quant à Mademoiselle de Fontanges, elle décède en 1681 à l’abbaye de Port-Royal. Des rumeurs laissent entendre que sa mort ne serait pas naturelle.
Pour mener les enquêtes et veiller à la sécurité du roi, dès mars 1667, Gabriel Nicolas de La Reynie est nommé lieutenant de police. Il se montre très efficace dans l’affaire des poisons.
Le roman s’appuie donc sur des personnages (5) et des faits historiques, ancrant la fiction dans la réalité, et y mêle des éléments et des personnages fictionnels. Il semble donc nécessaire de mettre en lumière cette particularité avec la classe.

D’un point de vue culturel, Parfum de meurtre permet de rendre concrets les savoirs acquis en histoire sur le siècle de Louis XIV et d’en acquérir, peut-être, de nouveaux (6). Des recherches documentaires, une visite du château de Versailles (ou virtuelle) et de ses jardins enrichiront les connaissances des élèves.
Une référence au conte Blanche Neige (au chapitre 3) fournit l’occasion de relire l’oeuvre des frères Grimm ou de la remettre en mémoire oralement.
Le chapitre 9 présente un mode d’empoisonnement rappelant un stratagème antique, enduire un vêtement de poison. On pourra lire, en prolongement, le récit de l’embrasement d’Hercule par la tunique que lui a offerte Déjanire ou celui de la rivale de Médée, dévorée par la robe que cette dernière lui avait offerte, après l’avoir trempée dans divers poisons.

La séquence

La séquence s’adresse à des élèves de cycle 3. Elle pourra prendre place en fin de CM1 ou début de CM2.
Nous la souhaitons courte afin qu’elle suive au plus près le rythme de la lecture cursive. Pour les modalités de lecture, nous nous référons au livre de Patrick Joole, Lire des récits longs, publié chez Retz et au document éduscol du même auteur (7), Des modalités pour lire une oeuvre longue en prenant en compte l’hétérogénéité des classes.
Ainsi, des passages seront lus magistralement, d’autres par tous les élèves silencieusement et / ou à haute voix. Certains passages seront proposés sous forme de résumés ou en version audio aux élèves en difficulté.
Grâce à cette séquence, nous souhaiterions favoriser la lecture autonome, lors de temps de classe dédiés quotidiennement, comme le permet le dispositif « Quart d’heure lecture » ou « Silence, on lit ! » (8). C’est pourquoi nous proposons des moments de lecture silencieuse nombreux et des temps collectifs pour résumer les informations essentielles des chapitres, émettre des hypothèses, construire des supports pour garder des traces de la lecture, échanger sur les interprétations, débattre, mettre en voix des extraits, écrire.
Diverses activités de productions écrites seront proposées, écrits intermédiaires pour réfléchir ou écrits plus longs : à titre d’exemples, nous proposons de titrer les chapitres, rédiger de courts résumés, émettre des hypothèses (Qui est la morte au chapitre 4 ? Qu’a créé Marion au chapitre 8 ?), donner son point de vue sur un personnage en choisissant des adjectifs pour le décrire, continuer la description de l’atelier de La Voisin, sous forme de liste au chapitre 4. Les écrits longs seront réalisés lors des séances de production écrite.
Des liens avec le programme d’histoire, des recherches ou des exposés pourront être également proposés.

Pour obtenir la séquence pédagogique complète avec le déroulement des séances,