La philo : tout bénéfice pour les enfants en difficulté

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Quel but poursuivez-vous avec ces fiches pédagogiques ?

Ce n’est pas évident de se lancer dans un atelier philo avec sa classe. Un enseignant peut, légitimement, éprouver des craintes de démarrer une activité nouvelle. Le but de ces fiches est de l’accompagner dans cette démarche. Il s’agit bien là de formation, d’initiation. On va d’abord le refamiliariser avec le sujet traité, lui indiquer quels en sont les enjeux.


Vous invitez l’enseignant à se questionner lui-même…

Il s’agit de l’aider à entrer de l’intérieur dans le questionnement du jour. Il est nécessaire que l’enseignant se soit déjà posé à lui-même les questions qu’il s’apprête à poser aux élèves : ça le place du même côté qu’eux, cela crée au départ une communauté de réflexion. Cela permet aussi à l’enseignant de réexploiter ses compétences déjà acquises.


Dans les fiches Astrapi, vous détaillez l’usage de chaque carte. Quelles sont vos clés d’entrée ?

Comme pour Pomme d’Api, j’apporte des précisions, des points de repères pour expliciter ce qui est sous-tendu par l’image. A la fois du point de vue de l’organisation de l’image et du point de vue des idées. Ensuite, j’indique la marche à suivre avec des suggestions de questions à poser avec quatre niveaux de difficultés. Décrire l’image, c’est le plus simple, ce qui demande le moins d’implication de l’élève. Donner un avis exige une plus grande intervention de l’enfant, qui est davantage sollicité dans son être propre.

Faire des liens est encore plus impliquant puisque cette série de questions-là oblige à ouvrir le champ de la réflexion. Suivent des questions générales qui conduisent à un élargissement de la question, à un niveau plus complexe et général. Enfin je termine en indiquant des modalités de travail pour permettre à l’élève de ressaisir ce que l’on a dit. Cette étape où l’on reprend tout est très importante pour fixer les choses. La fiche se clôt par une bibliographie (établie par Edwige Chirouter, professeur de philosophie à l’IUFM des pays de la Loire) d’albums ou de livres permettant de prolonger le travail sur la notion étudiée.


Quels bénéfices observez-vous dans les classes pratiquant des ateliers philosophiques ?

D’abord, la capacité à se questionner est renforcée. Ensuite, la maîtrise du langage progresse car ces ateliers permettent l’élaboration d’une pensée plus fine. On constate aussi que la relation à l’enseignant évolue : il devient quelqu’un avec qui on partage une réflexion commune. On constate enfin, et c’est frappant quel que soit le niveau de classe, que ceux qui tirent le plus de bénéfices des ateliers philo sont les élèves les plus en difficulté.

Interview de Jean-Charles Pettier, professeur de philosophie, formateur à l’IUFM de Créteil, ex-instituteur spécialisé, docteur en philosophie et en sciences de l’éducation. Il est le concepteur des fiches pédagogiques des rubriques philo de Pomme d’Api et d’Astrapi, qui peuvent guider les enseignants dans la mise en place d’ateliers philo.
« Les enfants en difficulté sont ceux qui tirent le plus de bénéfices des ateliers philo. »

« Les enfants en difficulté sont ceux qui tirent le plus de bénéfices des ateliers philo. »