L’Histoire, les histoires : quand le réel rencontre la fiction

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Comprendre le monde dans lequel nous vivons et garder la mémoire de notre Histoire : telle est une des missions de l’école. Le texte littéraire, qui souvent s’inspire du réel, est un bon moyen de développer la pensée des élèves et de les rendre curieux du fait historique. Nous avons choisi un album et deux romans inscrits dans une réalité historique pour proposer quelques pistes pédagogiques.


Au CE1 : lire un album « de chevalerie »

Le mystérieux chevalier sans nom, de Cornélia Funke et Kerstin Meyer (Bayard Jeunesse, 2005).
Cet album traite la question de la chevale­rie à travers un personnage stéréotypé (le cheva­lier), appartenant à une époque mais devenu légendaire, sur le mode humoristique. Mais il aborde aussi, et surtout, la critique de l’éducation donnée aux garçons et aux filles au Moyen Age. Il est intéressant de constituer un réseau littéraire et documentaire autour de la chevalerie et de ses légendes avant de travailler l’album, afin de découvrir :

  • qui étaient ces grands seigneurs médiévaux et quels étaient leurs rites et leurs codes
  • quel était le rôle des femmes dans cette société assez hiérarchisée.

Il serait aussi très utile que les élèves puis­sent se constituer une culture autour des contes merveilleux centrés sur l’éducation des princesses.


Au CM2 : lire un roman engagé

Rêves amers de Maryse Condé (Je Bouquine roman, Bayard Jeunesse, 2005)
Il s’agit d’un récit fictionnel, narrant une réalité sociale qui permet de réfléchir à la question de l’inégalité, du travail des en­fants et de l’émigration. Il peut faire découvrir aux élèves que des enfants peuvent vivre des situations extrêmes. Le livre est dur mais l’amitié et la fraternité qui y règnent permettent d’éviter le pathétique et la com­misération. Cependant la narration guide doucement le lecteur vers la prise en compte du tragique.

Ce texte nécessite une contex­tualisation historique : il s’agit de découvrir Haïti sous le régime de Papa Doc et de com­prendre la souffrance que cette dictature a engendrée. Il permet aussi de s’interroger sur les formes modernes de l’esclavage et sur la misère. Faire ressortir néanmoins qu’il s’agit d’une fiction romanesque et non d’un témoigna­ge. Les faits rapportés s’inspirent du réel mais ne se sont pas produits réellement. Cela permettra de prendre de la distance par rap­port au tragique.


Au CM2 : lire un roman historique

Les orangers de Versailles d’Annie Pietri (Les littéraires, Bayard Jeunesse 2000).
Il s’agit cette fois de com­prendre qu’un roman peut prendre sa sour­ce dans une réalité historique. Néanmoins, on fera observer aux élèves que l’auteur choisit une présentation très péjorative du personnage de La Montespan, contestée par certains historiens. Il serait intéressant de lire des témoignages sur l’affaire des poi­sons qui ont montré qu’elle n’était pas aussi impliquée que le roman le laisse entendre. Cela permettra de montrer que le romancier opère un choix pour écrire, alors que l’his­torien recherche les faits.

Vous trouverez plus d’indications sur l’organisation des activités de lecture pour les trois ouvrages dans le document complet (ci-dessous).

Par Agnès Perrin, agrégée de lettres modernes, professeur à l’IUFM de Créteil.

Histoires, histoires : quand le réel rencontre la fiction.

Téléchargez le PDF: « Des pistes pour utiliser un album et deux romans en lien avec l’Histoire » ici.