Du roman au grand écran

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Depuis sa création, le cinéma a souvent puisé ses histoires dans la littérature. En s’appuyant sur le film réalisé par Martin Scorsese, Le secret de Hugo Cabret, inspiré du roman écrit et illustré par Brian Selznick, Jean-Michel Perronnet propose des pistes de travail pour aller du roman au grand écran et de faire découvrir aux élèves ce rapport privilégié qu’entretiennent deux créations artistiques. Il indique notamment quel type d’activités à mettre en œuvre avant et après le visionnage du film, pour faire appréhender la manière dont une adaptation cinématographique donne vie à des personnages littéraires.

L’invention de Hugo Cabret est un roman qui se déroule dans les années 1930, à Paris. Il réunit tous les ingrédients du récit d’aventure : un jeune orphelin, réfugié dans les combles d’une gare, cherche à terminer l’œuvre de son père horloger ; une intrigue mystérieuse autour d’un automate à la clé perdue ; une jeune fille amoureuse des livres ; des personnages inquiétants.


Un roman à la forme inédite

Mais l’originalité de cet ouvrage réside dans la forme inédite du récit. En effet, certains épisodes sont exclusivement « racontés » par des séquences d’illustrations, combinant de superbes crayonnés avec des dessins de Georges Méliès ou des photos issues de ses films. Il s’agit donc d’un véritable roman à l’écriture cinématographique, récit en mots et en images, proposant une expérience originale de lecture.


Entrer dans la lecture par les illustrations

Dès l’introduction, une phrase interpelle le lecteur : « Ne tournez pas la page trop vite ! Imaginez d’abord que vous êtes as­sis dans le noir, comme au cinéma avant le début d’un film. » À l’aide d’un vidéopro­jecteur, on pourra projeter les 45 premières pages entièrement illustrées du chapitre 1 en demandant aux élèves de donner leurs impressions, puis de relever tous les in­dices graphiques qui permettent de situer les lieux, l’époque et les personnages du roman. Les élèves devront ensuite refor­muler ce qu’ils comprennent de ce début d’histoire en prenant appui sur les person­nages repérés. La découverte de la suite de l’ouvrage fera alterner les différentes modalités de la lecture feuilleton : lecture par l’enseignant et par des élèves, résu­més successifs et anticipation, mise en mots des passages dessinés.


Accéder au sens du texte en élargissant l’univers culturel des élèves

Hugo Cabret est une œuvre de fiction qui s’inspire largement du réel. Pour accéder pleinement au sens du texte, l’enseignant doit, par des apports successifs, per­mettre aux élèves de saisir les références indispensables pour une compréhension fine : Paris au début du XXe siècle, l’essor du chemin de fer, la fascination pour le monde des automates et de la prestidigi­tation, et surtout l’hommage qui est rendu aux pionniers du cinéma et, plus particulièrement, à Georges Méliès.


Méliès, le « cinémagicien »

L’un des personnages principaux du livre est Méliès, dont on a célébré, en 2011, les 150 ans de la naissance. Celui-ci est consi­déré comme l’un des précurseurs du cinéma moderne. Avant de se lancer dans le cinéma, il était un prestidigitateur confirmé. Il faudra faire comprendre aux élèves que, pour les gens de l’époque, le cinéma était très proche de la magie. Le génie de Méliès, c’est d’avoir inventé le cinéma de fiction avec des scénarios, des acteurs, des décors et d’avoir créé le pre­mier studio à Montreuil. Mais surtout, du fait de ses liens avec le monde de l’illu­sion, il invente les premiers trucages, inspirés de célèbres tours de magie, qui seront les ancêtres des effets spéciaux. Le roman fait d’ailleurs de nombreuses réfé­rences à son film Le voyage dans la Lune, chef-d’œuvre d’illusions et d’innovations, premier « long métrage » de 16 mn ! Il se­rait bon que les lecteurs de L’invention de Hugo Cabret le visionnent.


Des échanges et une lecture après le visionnement en salle

Après avoir vu le film, il est important de proposer aux élèves d’en parler. Cet échange peut porter sur ce qui leur a plu, sur leurs scènes préférées, mais aussi leur permettre de faire des liens entre le film et le livre. Ils pourront aussi se demander si les acteurs correspondent à l’idée qu’ils se faisaient des personnages et en quoi le film ne suit pas, mot à mot, le texte d’un livre. Une adaptation cinématographique relève en partie de la création même s’il reste fidèle au livre. On pourra ainsi faire comparer la fin du film avec celle du livre.

Vous pourrez mettre à leur disposition l’ouvrage Les secrets du tournage de Hugo Cabret. Celui-ci nous invite à découvrir les étapes de la fabrication d’un film. Il donne l’occasion de découvrir les métiers du ci­néma (documentaliste, scénariste, décorateur, etc.), de mieux comprendre le travail des acteurs, de visualiser une page de scénario et de s’interroger sur l’apport de la 3D quant à la manière de raconter les histoires.
Voici donc deux livres et un film qui in­vitent à des approches complémentaires du texte et de l’image.

Par Jean-Michel Perronnet, professeur à l’IUFM de Créteil.
« Depuis sa création, le cinéma a souvent puisé ses histoires dans la littérature. »

« Depuis sa création, le cinéma a souvent puisé ses histoires dans la littérature. »